Sémiologie
du texte
et de l’image
Investie dans le cadre d'une analyse plus générale des pratiques de communication, l'approche
sémiologique offre des outils d'analyse théoriques susceptibles de rendre compte de la
dimension matérielle, symbolique et communicationnelle des objets et situations abordés.
Le spectre d'intervention va de l'analyse littéraire à l'analyse des médias de masse, en passant
par les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Toutefois, qu'ils soient
extraordinaires (la campagne pour l'élection présidentielle considérée comme une quête
chevaleresque), ordinaires (le détournement du politique par la publicité) ou infra-ordinaires
(l'affichage de la sociabilité sur les cartes de visite par exemple), qu'ils soient spectaculaires
(les Guignols de l'info) ou anodins (les étiquettes de vin), les thèmes et les corpus considérés
appellent une méthode qui doit être chaque fois adaptée aux spécificités de l'objet, du contexte
et de la situation de communication.
Si les outils sémiotiques demeurent, il en va tout autrement de l'acte de lecture sémiologique
qui est une mise à l'épreuve du sens, un engagement chaque fois réitéré. Or cet acte
d'interprétation est lui-même un acte situé ; de ce fait, il doit être présenté en tant que tel. Si
l'acte de lecture "donné à lire" relève d'une théorie sémiologique, il relève également d'une
éthique et pose un acte politique - au sens noble du terme. Il importe donc que les outils et les
méthodes - particulièrement rigoureux - soient clairement exposés.
L'acte de lecture doit identifier les questions qu'il se pose et les énoncer en tant que telles -
sans pour autant préjuger de leur évolution au fil du travail. Aussi convient-il de choisir les
méthodes appropriées à partir desquelles on proposera des thèses, car la lecture se définit non
seulement par la nature de sa méthode, mais consiste aussi à choisir les outils adéquats
susceptibles d'apporter des réponses aux questions posées.
Dès lors, deux remarques. La première concerne l'adéquation des outils d'analyse à la
problématique posée à partir d'un corpus déterminé et signale la difficulté qu'il y a à rendre
compte d'un objet dans sa complexité lorsque les outils utilisés font d'emblée l'économie de
tout ou partie de cette complexité. La seconde dérive de la précédente et concerne l'intérêt que
représente la rencontre d'heuristiques distinctes pour la compréhension d'un texte, d'un objet,
d'un dispositif ou d'une situation de communication. La pluralité des lectures est en effet
féconde en ce qu'elle permet, à partir de questions différentes, d'utiliser des méthodes
différentes et donc de mettre en évidence des faits distincts.
L’ÉNONCIATION ÉDITORIALE - Emmanuel Souchier
Pour cela nous avons proposé de définir notre lecture à travers une pratique de l'éclectisme
méthodologique, pratique qui répond à deux aspects essentiels de la lecture. S'il tend à rendre
compte de la complexité du dispositif analysé, l'éclectisme méthodologique justifie également
la pluralité des regards portés par le lecteur. À chaque objet correspond son "attirail" - au sens
propre du terme -, à chaque geste ses outils - ce "geste" fût-il cognitif. On comprend dès lors
qu'il faille définir de nouveaux concepts et de nouveaux outils dans un cadre théorique
renouvelé pour rendre compte d'événements nouveaux, ainsi des technologies de l'information
et de la communication et des pratiques singulières qu'elles suscitent.
Une telle démarche d'analyse - éthiquement située - réclame donc outils, techniques et
méthodes. À travers les linéaments d'une méthode qui s'est affinée au fil de la pratique et des
analyses, c'est cette approche "sémio-politique" que nous tentons de définir d'un point de vue
théorique.
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L’ÉNONCIATION ÉDITORIALE - Emmanuel Souchier